Fabrique de la ville et interventions sociologiques à Bruxelles. Sur les traces de Michel Hubert et de Christine Schaut

Cette journée d’études, complétée par une visite du quartier Stalingrad, est organisée par le CESIR et l’IRIB  (UCLouvain - Saint-Louis Bruxelles) en l’honneur du Professeur émérite Michel Hubert et de la Professeure Christine Schaut. 

À partir des recherches sur la fabrique de Bruxelles qu’il et elle ont mené ces 20 dernières années dans une perspective d’intervention, la journée vise d’une part, à mettre en lumière certaines grandes transformations récentes de la ville, et d’autre part, à discuter le rôle qu’y joue le sociologue quand il tisse des ponts entre les mondes académique, associatif et institutionnel.

La parole est donnée à des intervenant·es de ces différentes rives pour réfléchir à l’implication des publics concernés dans la production des connaissances. Il s’agit aussi d’interroger les « coalitions de cause » et les réseaux construits entre acteur·rices et chercheur·es  dans la fabrique de la ville et dans la critique de cette fabrique, ainsi que les difficultés et les tensions qui les traversent. La journée questionne enfin les effets et les impacts à plus long terme de ces expériences sur les manières de concevoir la ville.

La journée d'études se tiendra sur le campus de l'UCLouvain, Saint-Louis – Bruxelles, dans la salle P02 (119 rue du Marais, entrée par le praking, bâtiment préfecture).

Lien vers le formulaire d'inscription

 

Programme de la journée d’études (8h45-15h)

 

8h45 : Accueil

9h00 : Introduction de la journée par Emmanuelle Lenel (USL-B)

 

            Session 1. Le schéma directeur Botanique (2006-2010)
                                          9h15 - 10h45

• An Descheemaeker (ex-Bral) « Les zones leviers T&T et Cité Administrative de l'Etat : des leviers pour qui et pour quoi? »
• Benoit Moritz (ULB) : « Bilan d'une recherche-intervention pluridisciplinaire autour de la rénovation de la Cité administrative de l'État » (à confirmer)
• Discussion

10h45 : Pause-café

 

            Session 2. Le quartier durable Tivoli-Green City (2013-2015)
                                                11h - 12h35

• Arnaud Bilande (ex-Periferia) : « Quelles narrations de la participation ? Des voix qui se croisent et s’affrontent »

Les « scènes » de participation font souvent l’objet de recherche en sociologie. Des terrains d’observation privilégiés dans lesquels, sociologues et acteurs de terrain, sont amenés à se se côtoyer, dialoguer, voire s’affronter. Loin de l’image d’un ring de boxe, c’est au travers des écrits, des mots et des récits que les tensions peuvent surgir. En tant qu’animateur et chargé de mission « Participation », la présence de  chercheur.es sur le terrain est une chance, mais aussi source d’inconfort : qu’est ce qui est observé ? Comment est-ce analysé ? Avec quels finalités ? Et finalement, quel(s) récit(s) est/sont raconté(s) ? Au cœur, se pose la question de la parole et du récit, de la place et de la légitimité en tant qu’acteur de terrain à questionner ce récit.  Mon intervention revient sur ce qui s’est joué dans le cadre d’une mission de participation autour du quartier durable Tivoli à Bruxelles et ce que nous, chercheur.es et acteurs.rices de terrain, avons fait de ces tensions.

 

• Florence Delmotte (FNRS/USL-B) et Ludivine Damay (ULB) : « Du côté ou à côté des acteurs ? Observer, participer, coopérer : retours d’expériences »

Le 9 octobre 2014, l’équipe du (premier) Groupe Tivoli organisait une journée d’étude avant de suspendre peu à peu ses activités de suivi du projet de quartier durable du même nom, initiées trois ans plus tôt. Y participaient notamment des chercheurs – surtout des chercheuses ! - et des membres de l’ASBL Periferia. Cette collaboration s’était nourrie d’autres expériences préalables, notamment autour du projet de schéma directeur « Botanique » concernant le site de la Cité administrative de l’État et ses alentours, renseignée de leurs succès et de leurs échecs. En 2017, nous publiions dans Participations un article faisant retour sur quatre expériences de recherche plus ou moins participantes, dont Tivoli. Nous revenions sur leurs différences et la manière dont chacune de ces expériences avait enrichi notre réflexion sur notre métier de chercheuse et sur la dialectique de l’engagement et de la distanciation qui le caractériserait. Avec neuf années supplémentaires de recul, on se demandera quelles traces ont laissées, sur d’autres terrains, à la rencontre d’autres acteurs, « les années Tivoli ».

12h30 : Pause-déjeuner

 

            Session 3. Le Grand Piétonnier bruxellois (2012-2017)
                                         13h30 - 15h

• Benjamin Wayens (ULB) : « Interdisciplinarité et grands chantiers urbains : regard sur les contributions des chercheur·euses … et leur prise en compte dans la mise en œuvre des projets de mobilité à Bruxelles »

Souvent dans le cadre d’équipes interdisciplinaires, les contributions de groupes de chercheur.es sur les grands projets de mobilité bruxellois se sont multipliées. Le spectre disciplinaire des chercheur.es engagé.es dans ces recherches tend à s’élargir, dépassant le monde de l’aménagement et de l’ingénierie. Comment sont organisées ces recherches et que cherchent-elles à faire ? Comment les temps de travail nécessaires sont-ils dégagés ? Comment s’intégrèrent-ils dans le travail académique ? Quelles sont les postures des chercheur.es qui les mènent ? Comment s’articulent-ils avec la société civile et les pouvoirs publics ? Et surtout, ces recherches influent-elles d’une manière ou d’une autre le projet sur le terrain ? Ce sont les questions discutées dans cette communication, sur base des travaux menés, de près ou de loin, avec Michel Hubert au cours de 10 dernières années, riches en grands chantiers à Bruxelles (grands piétonniers, relance des chantiers du métro ou encore du réseau express métropolitain).

 

• Vincent Kaufmann (EPFL) : « Sociologie impliquée : le piétonnier de Bruxelles mis en perspective »

Les travaux menés sur le piétonnier de Bruxelles, à l’instar d’autres recherches menées par Michel Hubert, ne sont pas à proprement parler des recherches appliquées ou des recherche-action, même si elles s’inscrivent clairement dans une volonté d’accompagnement de l’action publique locale. Leur ambition renvoie bien davantage à ce qu’il convient de nommer de la « recherche impliquée » qui se saisi d’un objet, qui peut être même parfois théorique et qui constitue une posture de recherche à part entière visant à informer et accompagner des réalisations pour s’assurer qu’elles atteignent au mieux les objectifs qui leur ont été fixés (en l’occurrence en matière de revitalisation d’espaces publics et de mobilité durable). L’intervention cherchera à mettre en évidence des spécificités d’une sociologie impliquée, ses apports et ses limites, en prenant pour exemple le piétonnier de Bruxelles et en le mettant en perspective par rapport à d’autres travaux de recherche menés sur des questions de mobilité en Suisse et en France.  

14h30 : Discussion

15h00 : Fin des sessions thématiques

 

La visite du quartier Stalingrad (INSCRIPTIONS CLôTURÉES, 15h30 - 17h30)

Une visite guidée du quartier Stalingrad est organisée par les co-réalisateur·rices du documentaire Stalingrad avec ou sans nous  (CVB, 2021). Ce quartier central populaire est mis sous tensions depuis quelques années par le chantier du projet Métro Nord, actuellement à l’arrêt en raison de son embourbement sous le Palais du midi et de surcoûts non maîtrisés par les pouvoirs publics. Les nuisances du chantier et l’éventrement de l’avenue de Stalingrad ont cependant ébranlé le quotidien des riverains et les enseignes de cette artère autrefois très animée. Des craintes se sont aussi faites jour quant à son avenir. Tels seront les questionnements abordés lors de la visite.

 

La visite est limitée à 25 personnes et doit faire l’objet d’une inscription préalable.